Si le régime garde le soutien essentiel de la paysannerie, les ouvriers ont rallié pour la première fois en majorité les candidats républicains, ce qui sonne comme un échec pour la politique d'ouverture sociale de Napoléon III. Si pour son conseiller économique, Michel Chevalier, l'ambition mexicaine constitue ainsi une « œuvre visionnaire et moderne », dans l'entourage d'Eugénie, l'enjeu politique et religieux prédomine avec la perspective de l'émergence d'une grande monarchie catholique, modèle régional capable de contrer la république protestante des États-Unis et, par effet de dominos, de procurer des trônes pour les princes européens[154]. Après la bataille de Las Cumbres suivie notamment du siège de Puebla, la ville de Mexico, capitale du pays, est prise le 7 juin 1863. Certains veulent être indépendants et d'autres réclament leur réunion à la Suisse. Celle-ci utilise alors tous les moyens possibles pour faciliter l'élection du candidat officiel que ce soit par l'octroi de subventions, de faveurs, de décorations mais aussi de bourrage d'urnes, de menaces contre les candidats adverses et de pressions exercées par les notables sur leurs dépendants[16]. Les accords secrets de 1866 entre la Prusse et les États d'Allemagne méridionale ayant été officialisés, Guillaume III subordonne la vente du Luxembourg à l'accord de la Prusse. La nouvelle légitimité républicaine exige alors que tous les mythes sur lesquels reposaient le précédent pouvoir, telle l'image idéalisée du « sauveur de la nation », soient abattus et discrédités[203] alors que tout nom relatif à la toponymie impériale est globalement éliminée de la voie publique, à l'exception des batailles remportées durant le régime[204]. Pour Pierre Milza, « l'année terrible [1870] a fortement traumatisé les contemporains, peut-être autant que le fera la débâcle de 1940 » ce qui explique également, en sus du 2 décembre, le « long discrédit » dont souffre longtemps l'image de Napoléon III[202]. Il n'ose pas contrarier l'opinion majoritaire pro-guerre, exprimée au sein du gouvernement et au parlement, y compris chez les républicains[180] (malgré les avertissements lucides de Thiers et de Gambetta), décidée à en découdre avec la Prusse. Mais les militaires français refusent régulièrement une guerre ouverte, trop risquée. Au Corps législatif, ces élections marquent le recul important des bonapartistes autoritaires (97 sièges) face au grand vainqueur, le Tiers Parti (125 sièges), et face aux orléanistes de Thiers (41 sièges) et aux républicains (30 sièges)[48]. Nous avons d'immenses territoires incultes à défricher, des routes à ouvrir, des ports à creuser, des rivières à rendre navigables, des canaux à terminer, notre réseau de chemin de fer à compléter. Consulte tous nos documents en illimité ! 2 décembre 1852 – 4 septembre 1870(17 ans, 9 mois et 2 jours). Le sentiment de revanche sur la Prusse sera assouvi par les Français lors de la Première Guerre mondiale, puis la chute de l'Empire allemand en 1918. L'incapacité des officiers de haut rang de l'armée française, le manque de préparation à la guerre des quartiers généraux, l'irresponsabilité des officiers, l'absence d'un plan de contingence et le fait de compter sur la chance, stratégie précédemment fructueuse pour l'Empereur, plutôt qu'une stratégie élaborée, apparurent tout de suite lors de l'insignifiant engagement de Sarrebruck. Il rend obligatoire dans les programmes scolaires du primaire l'enseignement de l'histoire et de la géographie, restitue la philosophie dans le secondaire et y introduit l'étude de l'histoire contemporaine, les langues vivantes, le dessin, la gymnastique et la musique[126]. À son retour, l'une de ses premières initiatives est de supprimer le ministère de l'Algérie et des Colonies dont l'administration civile a sur place porté atteinte à la propriété foncière musulmane et de remettre la colonie sous administration militaire avec pour mission notamment d'arrêter le cantonnement des indigènes[143]. Pour lui, « la Prusse incarne la nationalité allemande, la réforme religieuse, le progrès du commerce, le constitutionnalisme libéral ». Les manuels scolaires sont les véhicules d'une histoire officielle destinée à former des citoyens et des patriotes attachés aux valeurs républicaines », « déchaînement de haine et de mauvaise foi », « n'a jamais envisagé la démocratie autrement que s'incarnant dans un chef », « a familiarisé les Français avec le vote », « la dénonciation du césarisme, réel ou supposé, appartient à la culture de la République parlementaire », « les historiens, les politistes, les spécialistes de l'Histoire des idées et de la philosophie de l'histoire ont entrepris de réexaminer le bonapartisme et de replacer celui-ci dans la longue durée, ce qui a permis de considérer sous un jour nouveau le bilan de l'Empire », « question d’éthique personnelle et civique », « l'histoire est ce qu'elle est [et qu'elle] n'a pas besoin ni d'être condamnée ni d'être réhabilitée », « la légende noire du Second Empire appartient largement au passé mais l'étude de la période s'en ressent parfois encore », En l'occurrence sont ici visés les premiers chapitres de. Le Japon moderne a rendu hommage aux liens étroits qui unirent l'Empire français et le Shôgunat Tokugawa au travers du Budokan Miyamoto Musashi dont le toit rappelle le bicorne, couvre-chef de l'oncle de Napoléon III[169]. Jean-Michel Gaillard, « Sedan, 1870 : l'effondrement d'un rêve européen », Afin de s'extraire de l'impasse polonaise, l'Empereur proposa l'organisation d'un congrès international. Il envoie parallèlement des missions archéologiques en Espagne, Macédoine, Syrie, Algérie, Tunisie, Grèce ou encore en Asie Mineure. Pour Napoléon III, qui vient alors d'obtenir un succès relatif en Italie, l’opportunité est tentante d'intervenir au Mexique et d'y installer un régime qui lui soit favorable politiquement mais aussi économiquement. Une politique de grands travaux et d'assainissement permettent de mettre en valeur des régions comme la Dombes, les Landes, la Champagne, la Provence ainsi que la Sologne, région chère à Napoléon III en raison de ses attaches familiales du côté Beauharnais et qui s'investira personnellement dans la bonification de celle-ci en participant au financement des travaux[92]. Le Second Empire se termine le 4 septembre 1870 à la suite de la défaite de Sedan, lors de la guerre contre la Prusse, puissance montante en Europe dirigée par le chancelier Otto von Bismarck. En février 1867, le dernier navire français quitte les rives du Mexique, laissant derrière lui l'Empereur Maximilien qui a refusé d'abdiquer. En vain, Rouher tente de rencontrer l'opposition libérale en organisant un parti pour la défense de l'Empire, l'Union dynastique. [...]. Les manuels scolaires sont les véhicules d'une histoire officielle destinée à former des citoyens et des patriotes attachés aux valeurs républicaines »[212]. Si par leur vote, les campagnes et les villes inférieures à 40 000 habitants ont soutenu les candidats officiels, les suffrages des grandes villes sont allés majoritairement à l'opposition[41]. « L'économie française sous le Second Empire », page 524 (post-face à, Loi sur l'extension des limites de Paris (du 16 juin 1859), dans le. L'INFANTERIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1852-1867) Hommes de troupe et sous officiers. Ceux qui avaient précédemment constitué les classes gouvernantes montraient alors à nouveau des signes de leur ambition de gouverner. nécessaire]. Face à la légalité constitutionnelle dont se prévalaient alors les défenseurs de la République, les bonapartistes déclarent opposer le suffrage universel, placé au-dessus de la Constitution, et la confiance directe manifestée par le peuple comme seule source de légitimité[4]. Cette référence ainsi négative fut l'argument des républicains pour combattre tout retour en force du césarisme plébiscitaire, que ce soit lors du boulangisme puis plus tard lors de la montée du gaullisme[200]. L'année suivante, ce sont Menton et Roquebrune, deux villes libres placées sous la protection de la maison de Savoie et également consultées lors du plébiscite d'avril 1860, qui rejoignent le département français des Alpes-Maritimes après dédommagement du Prince Charles III de Monaco. Le Second Empire apparaît comme une période intense dans le domaine de la création littéraire et artistique en dépit de la politique répressive menée au début de la période dite de l'Empire autoritaire[94]. Le compte-rendu des séances des Chambres est rendu public et le Corps législatif se voit doté de nouveaux pouvoirs (le droit d'adresse qui est une réponse au discours du trône, le contrôle du budget). À ces critiques financières s'ajoutent celles sur la vague de spéculation immobilière (les loyers augmentent de 300 % sur toute la période) et leur coût social (refoulement des plus pauvres hors du centre de Paris). L'idée d'instaurer un royaume en Algérie uni à la France par des liens personnels et dirigé par les autochtones est finalement abandonnée en 1869[147]. Elle se manifeste non seulement par le développement des ports coloniaux mais aussi par le commencement du percement du canal de Suez (1859-1869) en Égypte à l'initiative de Ferdinand de Lesseps et de Prosper Enfantin. La guerre de Crimée représente paradoxalement en premier lieu une victoire diplomatique car l'alliance avec l'Angleterre brise celle conçue autrefois entre cette dernière, l'Autriche et la Russie contre Napoléon Ier. Napoléon III n'est-il pas un souverain méconnu ? Elle persiste même après l'expédition en Syrie de 1860 en faveur des catholiques maronites, qui étaient persécutés par les Druzes. La proclamation du royaume d'Italie le 18 février 1861 après la rapide annexion de la Toscane et du royaume de Naples avait prouvé le danger des demi-mesures. En 20 ans, le pays s'est ainsi doté d'infrastructures modernes, d'un système financier bancaire et commercial novateur et a rattrapé en 1870 son retard industriel sur le Royaume-Uni, en partie grâce à la politique volontariste de l'Empereur et à son choix du libre-échange. La construction de l'opéra Garnier illustre l'importance accordée au monde du spectacle, élément de la « fête impériale ». Les spectacles en ville se développent notamment l'opéra-bouffe, un genre dans lequel triomphe le compositeur Jacques Offenbach, mais aussi les pièces de théâtre comme celles d'Eugène Labiche qui remportent un franc succès. Cette ouverture économique des frontières stimule alors la modernisation du tissu industriel français et de ses modes de production[53]. Bien qu'ayant plaidé auprès de l'empereur avec succès, puis auprès du Corps législatif sans succès, la constitution d'un grand service public de l'enseignement primaire, gratuit et obligatoire[124], il impose, en 1866 et 1867, l'obligation pour chaque commune de plus de 500 habitants d'ouvrir une école pour filles, l'extension de la "gratuité" de l'enseignement public du premier degré à 8 000 communes, l'institution d'un certificat d'études primaires sanctionnant la fin du cycle élémentaire et développe les bibliothèques scolaires[125],[126]. Enfin, pour Jean-Claude Yon, plus affirmatif, « la légende noire du Second Empire appartient largement au passé mais l'étude de la période s'en ressent parfois encore »[227]. Parallèlement, plusieurs sénatus-consultes sont édictés pour mettre en forme la volonté de l'Empereur. De nouvelles voies et axes reliant notamment les grandes gares entre elles sont percées, des perspectives et des places sont ouvertes tandis que de nombreux squares, espaces verts et jardins sont créés (Montsouris, Buttes-Chaumont, bois de Vincennes et de Boulogne, Boucicaut…). Ratifiée et promulguée par Napoléon III, la loi du 25 mai 1864 reconnaît pour la première fois le droit de grève en France[109] du moment qu'il ne porte pas atteinte à la liberté du travail et s'exerce paisiblement[110]. Tokugawa subit des pressions intérieures et extérieures, de la part tant des partisans du rejet des étrangers qui vont se rapprocher progressivement de l’autorité impériale et pencheront pour la restitution du pouvoir à l'empereur, que des puissances étrangères qui forcent l’ouverture au commerce extérieur et hormis l’Empire français, favorisent la montée en puissance de l’empereur japonais. Non seulement relève-t-il l'incapacité de l'Empereur à avoir réussi à enraciner le bonapartisme face aux royalistes et aux républicains, mais aussi le fait qu'il avait été contraint de gouverner souvent avec des hommes qui ne partageaient qu’une partie de ses idées[184]. Le déroulement de la crise luxembourgeoise montre le poids des opinions publiques et la prégnance croissante du nationalisme. La force de gouverner. Sous le Second Empire, l’église catholique française organise de nombreuses missions en direction des pays d’Extrême-Orient. Jusqu'aux années 1860, Napoléon III s'appuie essentiellement sur la bourgeoisie d'affaires et le clergé catholique pour gouverner[27]. La politique italienne de l'Empereur — en faveur de l'Unification et au détriment de l'Autriche — va permettre à la France d'annexer après un plébiscite le comté de Nice et la Savoie (1860). Dans les années 1850, l’élevage des vers à soie est fortement touché par la pébrine et la production française alors à son apogée au sein des maisons soyeuses de l’industrie lyonnaise se dégrade considérablement. Quant au gouvernement, il est composé d'une dizaine de commis, individuellement responsables devant le seul Empereur et révocables tout autant selon sa seule volonté[21]. Il est sacré empereur des Français sous le nom de Napoléon Ier le 2 décembre 1804. Le Second Empire est une période faste pour l'architecture française, favorisée par l'intensité des transformations urbaines[68]. Il n'y a pas de parti bonapartiste pour le soutenir mais seulement des ralliements plus ou moins sincères ou opportunistes[27]. Sous l'impulsion de Napoléon III et de son ministre des travaux publics, Pierre Magne, dont la politique est caractérisée par un engagement financier de l'État dans les entreprises ferroviaires, le pays rattrape et dépasse sa rivale d'outre-Manche pour atteindre près de 20 000 km de voies ferrées en 1870, sur lesquelles circulent annuellement plus de 110 000 000 voyageurs et 45 000 000 tonnes de marchandises[55]. Par ailleurs, la politique étrangère hasardeuse a entamé une bonne partie de la confiance que le Second Empire avait capitalisé jusque-là. Émile Ollivier divise le Tiers Parti par l'amendement de l'article 45, et fait comprendre qu'une réconciliation avec l'Empire serait impossible jusqu'à ce que l'Empereur libéralise réellement le régime. Condamné à mort, Orsini écrit à Napoléon III que « les sentiments de sympathie de [Sa] Majesté ne sont pas pour [lui] un mince réconfort au moment de mourir ». La crise luxembourgeoise a ridiculisé la diplomatie impériale. Le résultat du plébiscite organisé dans les mêmes conditions qu'à Nice donne la victoire aux partisans de l'annexion à la France[136]. En 1866, lors du congrès de Genève, les représentants du courant mutuelliste présentent un mémoire dans lequel ils prônent l'apolitisme et condamnent « les grèves, les associations collectivistes de 1848, l'instruction publique et le travail des femmes »[115]. Cependant, avec cet auteur, « on sort du journalisme pour entrer dans l'histoire générale »[190] tandis qu'Émile Ollivier publie ses mémoires consacrés à l'Empire libéral[209]. En refusant de poursuivre la campagne victorieuse (mais coûteuse en hommes) de 1859, l'Empereur laisse Venise aux mains des Autrichiens et déçoit ses alliés savoyards. L'épisode qui se solde par la reddition des Chinois et la rédaction d'un nouveau traité de commerce est ternie par la mise à sac du palais d'été dont les œuvres d'art partent notamment enrichir les collections du château de Fontainebleau[149]. Au Luxembourg même, des activistes pro-français provoquent la garnison prussienne alors que d'autres manifestants demandent au roi des Pays-Bas le retour au statu quo. Si nombre de ces critiques peuvent être justifiées, il s'avère qu'il n'y eut finalement pas d'accroissement du déséquilibre social dans la capitale par rapport à la période antérieure[89] et qu'en 1865, 42 % des Parisiens restaient classés dans la catégorie des plus défavorisés car non imposables et qu'à la fin de l'administration haussmannienne en 1870, 65 % des logements parisiens étaient occupés par des indigents, des ouvriers et par les représentants les plus modestes de la petite bourgeoisie[90]. Pour lui, l'Algérie n'est pas une colonie mais un royaume arabe, « les indigènes comme les colons ont aussi droit à ma protection. Ce dernier sera au côté du saint-simonien Ismaÿl Urbain le grand inspirateur de la politique arabophile de l'Empereur et notamment de sa politique algérienne. Pendant des décennies, on n’a retenu du règne de Napoléon III que le coup d’État du 2 décembre 1851, l’affairisme, la « fête impériale » et le désastre de Sedan. À partir des années 1920, alors que la France a repris possession des territoires perdus en 1870, Napoléon III fait l'objet de biographies plus favorables voire romancées alors que l'historiographie officielle porte la marque d'une révision des jugements portés sur l'Empereur et son régime.